La petite histoire de JET TOURS, ex filiale d’AIR FRANCE

Cette filiale d’AIR France revient de loin.

Largement déficitaire en 1995-1996 (30 millions d’€ de perte pour un CA de 300 millions d’€), AIR France avait dû lourdement recapitaliser l’entreprise de 45 millions d’€.
Ne voyant pas de perspective stratégique valable pour cette filiale au sein du groupe, Air France se résout fin 1997 à chercher un repreneur. La banque d’affaire mandatée ne trouve à l’époque aucun candidat.

Air France décide alors en mai 1998 de céder la société aux salariés.
Les conditions sont les suivantes : Air France reprend 50 salariés (sur environ 300), réinjecte 2 millions d’€ pour la modernisation du système informatique de JET TOURS, abandonne 12 millions d’€ de créance avec clause de retour à meilleure fortune.
De leur côté, les salariés reprennent la société pour 1 €, y injectent 37.500 €, l’ancien manager devenu PDG se réservant 33% du capital, les 2 autres 1/3 étant respectivement pris par les autres dirigeants et l’ensemble des autres salariés.

Très vite, les salariés convainquent TCR EUROPE, fonds d’investissement et PACHA TOURS, voyagiste, d’investir chacun 1,5 Million d’€, pour environ 1/3 du capital chacun.
De facto, la valeur de la société passe déjà de 37.500 € à 4,5 millions d’€.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Un an plus tard, la société est à nouveau cédée, cette fois par les anciens salariés et leurs autres actionnaires investisseurs, au Club Méditerranée, dirigé à l’époque par Philippe Bourguignon, pour ……. 64 millions d’€ !
René-Marc CHIKLI a gagné au passage 6,4 millions d’€ avant impôt.
Les autres dirigeants se sont répartis la même somme et certains salariés ayant investi quelques centaines d’€ se sont retrouvés avec l’équivalent d’une année de salaire.
Quant aux 2 fonds d’investissement … 18 millions d’€ pour 1,5 Million investi !18 fois la mise pour eux, 56 fois pour les salariés. Qui dit mieux ?

Qu’en est-il aujourd’hui ?
Après 10 ans de vie au sein du Club Med, les dirigeants parmi lesquels Henri Giscard D’Estaing ont modifié les perspectives stratégiques et décidé de se séparer de Jet Tours pour la céder à Thomas Cook, producteur et distributeur de voyages, pour un prix quasi équivalent à celui de la date d’achat.

A méditer ….

* article initialement publié le 21 août 2008